Au programme de ce premier triathlon de 2017 : 2Km de natation en deux boucles avec une sortie à l’australienne, 96Km de vélo avec près de 1800m de D+ dans l’arrière pays, avec 4 bosses majeures : le Tanneron (12km à 6%), Les Marjories (2.5km à 7%), Montauroux / Callians (10 km à 5%) et Saint Cézaire (5km à 5%), puis 16 km de course à pied sur le bord de mer en 4 boucles…
Quelques jours avant la course, la startlist est publiée, Kienle (champion du monde Ironman 2014, trois fois champions du monde 70.3), Andreas Raelert (5 podiums à Kona, ancien recordman du monde Ironman), Bart Aernouts, Maurice Clavel, Dorian Coninx (ex champion du monde ITU U23), Leo Bergere, Etienne Diemunsch, Bertrand Billard (double champion du monde longue distance)… Pour faire simple il y a de tout : des spécialistes du long, des athlètes de courte distance, des énormes nageurs, certains des meilleurs rouleurs et coureurs du circuit pro… et en amateur il n’y a pas de quoi rougir, la densité est aussi impressionnante ! Cette année tout le monde semble vouloir se tester tôt dans la saison… Va y avoir du sport comme on dit !
J’arrive donc la veille de la course en compagnie de Julien. Retrait des dossards, préparation des affaires et des sacs de transitions, les automatismes et les rituels reviennent vite c’est bon signe ! Une fois le check-in effectué il ne reste plus qu’à patienter jusqu’au lendemain…
4h45 le réveil sonne, la nuit a été bonne et suffisamment longue. Une fois le petit-déjeuner avalé, je boucle mon sac puis direction Cannes. Nous sommes logés à 25’ du départ mais une fois n’est pas coutume nous sommes en avance. Pour la première fois depuis plusieurs mois je n’ai aucun sentiment négatif, pas de pression, pas de doute ou de peur… simplement l’envie de voir où j’en suis et d’essayer de jouer le plus devant possible !
Le soleil se lève à peine lorsque nous rentrons dans le parc à vélo. J’ai eu la chance d’avoir un dossard en catégorie Pro, je me retrouve donc dans la rangée au tout début du parc en compagnie de l’ensemble des « vrais » pro… Plutôt sympa d’être parmi eux, même si je sais bien que je n’ai pas leur niveau… Mais bon le dossard c’est déjà pas mal et on va essayer d’honorer cette faveur du mieux possible…
7h45, il est temps de rentrer sur l’aire de départ ; les 1000 triathlètes se placent sur la ligne puis les pro sont mis 5 mètres devant eux. Il y aura un seul et unique départ pour tous ; je décide de me placer sur la droite vu que les meilleurs nageurs sont sur la gauche. Je regarde autour de moi, j’aperçois Billard et Kienle juste à coté … L’hélico arrive face à nous, le départ va bientôt avoir lieu ! Le start est donné, nous plongeons immédiatement puisque nous avons les pieds au ras de l’eau… seul problème, les 1000 gars derrière ont eu droit à 5m d’élan… Pas besoin de faire un dessin, on rajoute une première bouée à 200m et le tableau est complet : après l’aquabike, voici l’aquaboxe ! J’essaye tant bien que mal de nager mais durant les premières minutes plutôt que d’avancer j’essaye de survivre… après quelques centaines de mètres, le peloton fini par s’étirer mais je suis complètement à la rue... ça commence bien…
J'essaye de m'extraire de la masse et commence à remonter des petits groupe de nageurs, sur le retour vers la sortie à l'australienne j'aperçois Erwan sur ma gauche ... soit il a progressé cet hiver soit j'ai vraiment planté ma nat ! Je décide de faire l'effort sur le début du deuxième tour, il y a un gros groupe devant moi à environ 40 mètres... je nage donc seul et je parviens à rentrer petit à petit sur eux, au demi-tour je suis à moins de 10 mètres mais je vais y rester jusqu'à la fin de la nat.
Enfin je sors de l'eau, 26'50 à la montre pour 2 bornes et en prime je suis avec Kevin Maurel... Pas si catastrophique que ça au final ! En rentrant dans l'aire de transition j'aperçois Kevin Rundstalder et Sebastian Kienle qui sorte de la tente... je fais aussi vite que possible, le gros pack est 20" devant moi il ne faut pas traîner !
19e à la sortie de l'eau, 17ème en sortie de T1 ... maintenant ça va véritablement commencer !
J'ai choisi d'utiliser un vélo de route, vu le parcours ça me semble la bonne option ! Mais les 10 premiers kilomètres le long de l'eau sont très roulants, je vais clairement me faire allumer par les vélos de chrono mais tant pis, j'ai préférer jouer la carte de la prudence...
Nos sommes un petit groupe de trois, un italien au dossard 5 et Rundstalder... la moyenne commence à grimper pour se fixer à 40.5 au bout de 10km. Je ne suis pas à l’aise sur cette portion plate, j’ai hâte d’entamer la première bosse. Dernier virage et ça y est, c’est le début du « chantier ».
Me voilà donc aux alentours de la 15e place au pied de la première difficulté ; Rundstalder attaque d’entrée et je préfère ne pas suivre, c’est clairement au dessus de mes moyens aussi tôt dans la course. Je monte sur mon rythme prévu, entre 180 et 185 puls et je fini par dépasser l’italien qui me devançait depuis l’aire de transition. Nous revenons petit à petit sur un tchèque que nous distançons à la moitié de la montée… Pour l’instant je me sens plutôt bien et on m’annonce aux alentours de la 13e place. Je vois revenir sur moi Bart Aernouts, une des figures du circuit Ironman, j’accroche son rythme jusqu’au sommet de la première bosse. J’effectue ensuite la courte descente en compagnie du tchèque et d’un russe mais au second virage il se retrouve dans le décor… « J’ai bien fais de prendre mon route moi tient » …
Fin de la seconde difficulté, le Tanneron est derrière nous. J'entame la descente vers le lac de Saint Cassien et je me fais inexorablement décrocher par mes comparses d’Europe de l’est en vélo de chrono… Arrivée au pied de Montauroux j'ai le tchèque à quelques centaines de mètres devant moi, je fais le choix de monter fort cette troisième bosse et petit à petit je lui reviens dessus. Je bascule dans la descente des gorges de la Sianne avec quelques mètres d'avance... Bienvenue à Paris Roubaix : 2km de descente sur une route étroite et complètement défoncée qui nous mène au pied de la dernière bosse : 4km en direction de Saint Césaire.
Je tente de partir fort pour lâcher mon cher tchèque mais rien n'y fait... Lui je vais finir par le ramener à la maison si ça continue comme ça. Au sommet je bascule en 16e position.
C'est parti pour près de 20 km de faux plat descendant ... J'appelle de tous mes vœux mon cher vélo de CLM... en vélo de route sur cette portion c’est impossible de rivaliser...
Les kilomètres défilent et la moyenne remonte petit à petit, j'essaye de rester concentré car la course se transforme en un slalom géant entre les voitures... j'ose à peine imaginer ce que ce sera un peu plus tard car pour l'instant c’est encore le devant de la course et pas le gros du peloton...
Retour dans Cannes, il reste 10km le long du bord de mer avant de poser le vélo. Je commence à avoir les cuisses dures comme de la pierre, ma pseudo position aero est vraiment nulle sur ce vélo... je décide de rester sage et de ne plus emmener un trop gros braquet...
Résultat dans les 5 derniers kilomètres 2 petits packs, mais à distance réglementaire (suffisamment rare pour être précise) me doublent...
J’arrive à T2 aux alentours de la 20e position en compagnie notamment de Jérémie Morel, pas le genre de mec habitué à caresser ses pédales... bon ça sent la course plutôt pas mal si je n’explose pas !
Après une transition interminable je m'élance sur le port... c'est parti pour 4 tours de 4km... Les sensations reviennent rapidement ; premier kilomètre aux alentours de 15 km/h ... « Oula tu t’enflammes Raph ! ».
Les nombreux aller-retours permettent de voir les écarts, Erwan est à moins de 2' derrière moi, il va me reprendre mais espérons le plus tard possible... Je commence à me rendre compte que pour l’heure, il n’y a pas foule de concurrents sur ce parcours course à pied et c’est plutôt bon signe ! D'autant que pour l'instant mon allure semble tenir : je passe au 4km en 16'54 soit potentiellement 1h08 au 16 Km et 1h29 au semi-marathon... je croise l'entraîneur de B.Billard (son frère) qui m'encourage, plutôt sympa !
J'entame le deuxième tour et je vois Julien moins d'une minute devant moi... pas d'excitation, on verra bien si je lui reprend du temps où pas. Mais bon inconsciemment je relance mon allure, passage au 8 Km en 17'18" ça reste stable ! Mais musculairement je commence à être vidé, le peu de dynamisme que j'ai à pied s'étiole à chaque pas, les relances à chaque demi-tour et dans le parc deviennent très difficiles... au 10e Km, au milieu du troisième tour, mon allure change radicalement, mes kilomètres en 4'20" se transforment en 4’45" ; ça pique mais il faut tenter de relancer histoire de ne pas sombrer totalement. Dernier passage au ravito, je le passe en marchant, eau, Coca, re eau... Allez c'est parti pour le dernier tour, on va essayer d'abréger la chose comme dirait Julien...
4'45-4'50-4'55 hé beh il est temps que le dernier kilo arrive !
Fred Garcia me dépose « tient y a encore des pros derrière ?! » Puis la première féminine Emma Bilham me revient dessus, nous rentrons sur la ligne droite d'arrivée ensemble et je me mets à marcher, je me voyais mal jouer le sprint à la gagnante du jour...
Chantier terminé,
4h31' avec un 16km en 1h08', 35e au scratch et 20e de la catégorie Pro, vu La start-list c'est inespéré !
En résumé une natation correcte malgré un très mauvais départ, un bon vélo en 2h51' (29e temps) et une course à pied pas vilaine pour un mois d'avril ! Très content de cette course de rentrée... ça me donne des idées pour la suite de la saison !
Rendez vous demain sur le S de Vitrolles !
