Voici un peu plus d’un mois que j’ai rejoint mes quartiers d’été, dans un petit village d’Isère au milieu des cols. Malgré la mauvaise météo de ce mois de juillet, les kilomètres ce sont enchainés jusqu’à l’arrivée il y’à quelques jours de Julien. C’est là que les choses se gâtent ! Une semaine d’entrainement basé sur une unique philosophie : détruire pour mieux reconstruire (si si, des fois ça marche !).
Bref, après trois jours on se retrouve les jambes en vrac, en se disant que le tri de l’alpe programmé le jeudi va vraiment mal passer !
Advienne que pourra, telle est notre nouvelle devise de circonstance !
Nous voici donc le 31 juillet parmi 1300 autres pingouins au bord du plan d’eau du verney. L’eau est annoncée à 12° ; on se regarde l’air de dire « mais qu’est ce qu’on fou encore là ?! »
Plus le temps de répondre à cette question, il est temps de rentrer dans l’eau. Le froid s’engouffre dans ma combinaison, j’ai l’impression que l’on me casse les doigts de pied avec un marteau. Je plonge ma tête dans l’eau et la ressort immédiatement ! Impossible de nager la dedans, le froid m’empêche de respirer et j’ai l’impression qu’un étau enserre mes tempes.
Je tente tant bien que mal de me réchauffer et de m’habituer au froid mais en réalité je n’attends qu’une chose : sortir de l’eau !
La sirène retentit, la machine à laver géante est lancée !
Les baffes pleuvent de tous les cotés, impossible de garder une trajectoire correcte dans cet amas de nageurs ! La première bouée arrive assez vite mais son passage est pour le moins musclée, c’est à croire qu’il y ‘à une prime pour celui qui aura mis le plus de coups à ses congénères ! Le paquet commence petit à petit à s’étirer et il devient plus facile de garder son cap. Je sors de l’eau dans un petit groupe de nageurs dans le même temps à la seconde prés que l’an passé : 18’.
Pourtant je suis pointé plus de vingt places plus loin qu’en 2013 puisque je suis 84e.
Mais vu mon état physique au départ, la place importe peu !
Revenons en à la course, j’enfourche mon vélo pour le gros morceau du jour : 30km avec pour finir les 14km de la montée de l’alpe d’huez.
Le départ le long du lac est rapide, je commence à doubler plusieurs concurrents malgré des sensations désastreuses. La descente du barrage avec ses épingles permet de creuser un peu plus d’écarts sur ceux qui n’osent pas arriver vite dans ces virages techniques.
Après une rapide traversée du village d’allemont, je débouche sur la nationale, une grande ligne droite de 10 km vent de face… Super vu l’état de mes jambes je vais adorer (ou pas) !
Des groupes de drafteurs commencent à se former, je regarde dans ma roue et je me rends compte que je traine plusieurs triathlètes dans ma roue … Je m’écarte, gueule mais les mecs continuent !
Je dépasse même quelques groupes sous les yeux des arbitres, j’ai beau gueuler aucun carton n’est sorti … Décourageant !
Mais enfin, la drafting party va se terminer puisque le km0 de l’ascension approche. Les groupes éclatent, les choses sérieuses peuvent commencer. C’est parti pour un peu moins d’une heure d’ascension sous la chaleur. A chaque virage des supporters crient nos prénoms inscrits sur le dossard, certains courent à coté de nous, c’est assez grisant ! Sans m’en rendre compte, me voici déjà à La garde, les pourcentages les plus rudes sont donc derrière mois !
J’attrape une bouteille au ravito pour m’asperger le visage puis je jette un petit coup d’œil au chrono : 12’ dans les temps pour un sub 55’.
Les lacets défilent, la chaleur et la pente commence à faire des dégâts parmi ceux qui ne connaissent pas bien l’ascension ou qui ont présagés de leur force…
En ce qui me concerne, les sensations sont de plus en plus mauvaise, je joue sans cesse du dérailleur pour adapter mon braquet sans grande améliorations mais pour l’instant je continue ma remonter.
Arrivée dans le village d’huez je reprends O. Marceau, bien que ce grand champion soit plus ou moins à la retraite depuis cette année, c’est assez flatteur et encourageant de dépasser quelqu’un ayant participé aux Jeux plusieurs fois.
Mais bon halte au chauvinisme, redevenons humble d’autant que la pente se durcit de nouveau !
J’avale les trois derniers lacets porté par les spectateurs de plus en plus nombreux. Même si l prudence serait de lever le pied en vue de la course à pied, je relance jusqu’au bout pour tenter d’améliorer mon temps de référence sur cette mythique montée alpine.
Je rentre au parc après 56’21'' d’ascension, quelques secondes de mieux que l’an passé. Ce n’est pas ce que j’espéré mais tant pis… Le départ à pied est catastrophique, les mollets sont complètements explosé (résultats de la course à pied de l’avant-veille : 17km avec 600m de D+), mais il va falloir faire avec ! Je m’accroche aux quelques coureurs parti avec moi mais le premier kilomètre en 4’19 est bien trop lent pour espérer passer sous les 30’. Mais malheureusement je ne peux pas aller plus vite. La partie en chemin pour rejoindre la route de sarenne fini d’achever mes jambes et la moyenne chute inexorablement… Enfin, le demi-tour arrive. C’est l’occasion de croiser les autres concurrents et d’évaluer le classement à ce stade de la course. Je relance mon allure, jusqu’au second ravito, j’attrape un verre de coca mais je le recrache immédiatement, ma fc doit être trop élevé pour avaler quoi que ce soit. J’entame alors la cote menant à l’alti port, un vrai calvaire ! Je me concentre sur ma foulée pour tenter de chasser de mon esprit les messages de douleurs qu’envoie mes jambes mais mon corps fleurte avec la limite depuis deux heures maintenant. Enfin, la ligne d’arrivée approche, je regarde derrière moi puis je rentre dans la dernière ligne droite, court moment de bonheur où l’on tape les mains tendues des spectateurs.
Ouf J'en termine ! 66e scratch et 14e sénior 1 après 2h18’ d'efforts soit quelques secondes de moins par rapport à l’an passé.
Mais l’objectif de la course n’été pas chronométrique, le but été simple : Terminer la prépa sur une séance dure et intense et visiblement c’est chose faite si j’en crois l’état de mes jambes ! Et puis effectuer le 53e temps de la montée de l'alpe et le 51e temps vélo en fin de charge y'à pire !
Maintenant place à la récupération jusqu’au 15 aout et puis "advienne que pourra" !