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16/08/2013

Has he lost his mind ?

posté à 19h43 dans "Saison 2013"

15 Aout 2013 3h30, le réveil sonne depuis quelques secondes mais je suis déjà assis sur le bord du lit. La nuit a été courte, mais ça y est, c'est pour aujourd'hui ! Fini d'attendre !

Je prends une douche pour réveiller les muscles encore tout engourdit puis je descends déjeuner.
Les visages sont fermés, casques sur les oreilles pour certains, bonnet pour d'autres chacun pense à la journée qui se profile :
3.8 Km de natation de nuit, 188 km de vélo avec 5000m de dénivelé positif et un marathon tout aussi sélectif sous le soleil pour terminer ce qui constitue le triathlon " le plus dur du monde "


5h00 je rentre dans le parc à vélo ma caisse d'affaire dans les bras, lampe frontale et casque audio sur la tète. Je ne réalise toujours pas ou je suis et la journée que je vais vivre, je suis content, serein.

Quelque photos plus tard et nous sommes déjà dans le sas de départ, les féminines viennent de partir et dans 10 minutes ce sera notre tour !
Je me place sur la première ligne au coté du vainqueur de l'an passé.
La pression monte peu à peu, les arbitres se retirent tandis que le speaker nous dit " vous pourrez dire que vous y étiez, embrun 2013 fera à jamais parti de votre vie "

La corne retentit, les flash crépitent, j'ai l'impression d'être face à un stroboscope... mes pieds touchent l'eau, j'avance encore puis je plonge, la lueur des appareils photos laisse place au noir de l'eau. Seul point de mire un bateau droit devant avec un spot...
Je ne prends pas beaucoup de coup mais je trouve difficilement ma place, après la première bouée les choses rentrent dans l'ordre et j'arrive à nager correctement.
Le soleil commence à se lever sur les montagnes pendant que l'on termine seulement la première boucle. Je me sens bien, la journée s'annonce géniale !

6h55' je sors de l'eau en 28e position dans le second groupe en compagnie de Gégé. De retour dans l'aire de transition j'essaye de prendre le temps pour ne rien oublier car pendant prés de 8h ce sera autonomie complète !
Sous vêtement, veste vélo, manchettes tout est là, maintenant il faut y aller !

La sortie du parc est remplie de monde, on se croirait sur le tour de France !
Mais les encouragements et l'euphorie vont vite laisser place à la réalité.

Km 0 cote des puys, 25 kilomètres sous forme de rampe jusqu'au village de saint appolinaire. Cette première difficulté doit se passer facilement pour ne pas entamer trop les jambes. J'arrive au sommet en moins de 50' soit 5 minutes d'avance sur mes prévisions.
Je me sens bien alors je décide de ne plus gérer au chrono mais aux sensations !

Km 45 : Le retour sur embrun est rapide, je boucle le parcours du Courte distance plus rapidement que l'an dernier ! Le passage d'embrun est magique, la route est noire de monde, il ya juste la place de passer entre les spectateurs. Certains ont des portes voix, d'autres des cornes de brume...
Il reste 20 kilomètres jusqu'à Guillestre sur une route casse pattes où montée et descente s'enchaine. Surtout il ne faut pas s'affoler et se ravitailler !

Km 70 Début des Gorges du Guil, un long faux plat montant vent de face menant au pied de l'Izoard. Le début du calvaire pour moi ... Je coince complètement dans cette partie, je n'arrive pas à trouver mon rythme, je me bats avec mon vélo sans grand résultats. Je patiente, je bois et je mange en attendant un moment meilleur car après tout la journée ne fait que commencer !

Km 94 Casse déserte, mes grands parents m'ont rejoint en voiture, ils m’ont accompagné tout le long de la montée en s'arrêtant sur le bord de la route... La forme est revenue et j'ai retrouvé un coup de pédale agréable. Les trois derniers lacets du col passent tranquillement, au dessus de nos tètes tournent l'hélicoptère de la course, j'ai l'impression d'être au milieu du tour.

Km 97 je débouche au sommet, 4h20 que je suis sur la selle et pour l'instant tout va bien puisque je suis légèrement en avance sur mes prévisions. Je caracole toujours parmi les 150 premiers...
Je prends quelques minutes pour me couvrir et avaler un sandwich avant de repartir.
La descente est longue, il faut en profiter pour récupérer car c'est maintenant que le parcours commence !


Km 135 je rentre dans le village de l'argentière j'ai décidé de rouler fort sur les liaisons entre les cols. Je ne joue plus pour terminer, je joue pour faire un temps ! Depuis l'Izoard je sais que je suis sur les bases d'un sub 13h alors il n'y a plus à hésiter, il faut tenter !

Je croise les Julie, elles sont montés spécialement pour me voir, ça me donne encore un peu plus de force pour continuer à me battre contre le chrono.

Km 142 Rampe de champcella
2km à 15 % de moyenne, un mur qui fusille les jambes... Des gamins courent à cotés de nous, la route est remplie de monde qui nous encouragent comme si nous étions des champions du monde.

Km 155 la descente depuis le village de réotier permet de récupérer mais cela fait déjà 7h que la course à débuter et le corps commence à montrer des signes de fatigues. Dans moins de 20 km ce sera l'ultime difficulté de la journée : "la bête" de chalvet comme l'appellent les triathlètes, alors durant cette dernière partie de transitions je cherche à m'alimenter le plus possible.

Km 175 Les premiers lacets de chalvet sont là, il fait très chaud, les jambes tirent mais il faut encore continuer à grimper malgré la fatigue et la douleur. Sur le bord de la route une bande de jeunes hurle mon prénom dans un mégaphone, je ne les connait pas ... eux non plus, mais c'est ça la magie d'embrun, des spectateurs qui cherchent notre prénom sur une liste et qui l'espace d'un instant vous encourage comme si vous étiez leur meilleur amis.

Km 186 Juste avant le sommet un dernier lacet est rempli de gravier, des spectateurs tentent de le retirer avec un balai pour nous éviter un effort supplémentaire ... ça y est, maintenant une descente courte vers le plan d'eau avant d'attaquer le plus dur : le marathon

Il est 14h25 je dépose mon vélo, une bénévole vient vers moi pour me proposer un massage... Elle a beau avoir énormément de charme je n'ai pas le temps pour cela ! Je prends quelques secondes pour échanger avec olivier un gars de Vitrolles, lui aussi se demande comment il va faire pour courir... ça me rassure un peu !
8h20 de course et il reste un marathon...

Km 0 La foulée n'est pas aussi catastrophique que ce que j'imaginé, je trottine à 11 à l'heure... En sortant du parc Antoine un triathlète des sardines avec qui j'avais effectué un stage de ligue m'encourage, ça fait plaisir et redonne du courage car il reste au minimum 4h de course à avaler !

Km 2 je suis sur la digue qui sépare le plan d'eau de la Durance, julien un pote du club m'accompagne quelque mètres
- ho raph ! Ça va ?
- ça va, j'en chie mais pour l'instant tout va bien

Quelques centaines de mètres plus loin, je croise les julies et Sophie, Julie I me rattrape et m'encourage, j'essaye de profiter au maximum de ça car la boucle pédestre est longue et il va s'écouler 2h au minimum avant que je repasse par là !

Km 4 la cote du village se profile, j'ai décidé de marcher pour détruire le moins de fibre musculaire possible
À l'entrée de la rue piétonne d'embrun un grondement se fait entendre, quelques foulées plus loin j’aperçois une place ou des dizaines de personnes sont massés, ils crient aux rythme d'un tambour...

Km 14 long faux plat vers Baratier, les jambes commencent à tirer sérieusement, j'ai mal partout et je n'arrive plus rien à avaler... Bienvenue en enfer comme dirait l'autre ! Sur mon passage certains spectateurs soulignent mon âge, une grand mère lance un " mon dieu comme il est jeune lui "
Dans ma tète, ces paroles résonnent comme un écho, oui je suis jeune, le plus jeune de la course mais j'irai au bout !
Je grimpe comme je peux jusqu'au village, alternant marche dans les cotes et course sur le plat. Je croise mes grands parents, encore un peu plus d'énergie pour continuer et encaisser !

Km 18 Retour sur la digue, mes jambes sont littéralement explosés, je me traine difficilement à 9km/h mais pour l'instant j'avance c'est tous ce qui compte ! Je croise marie Aude et dénis qui m'encourage, une nouvelle fois ces quelques paroles font énormément de bien, cela permet de se raccrocher à quelque chose pour encaisser un peu plus

Km 22 la première boucle est terminée, j'essaye de relancer un peu l'allure sur le plat mais mon corps dit stop, mon ventre ne veut plus rien entendre... Après m'être fait vomir, j'arrive à repartir. Je cours toujours sous les 9km/h mais j'espère encore approcher un sub 14h !


Km 27 dans le village d'embrun j’entends mon prénom, je me retourne et aperçois Vincent, il avait encadré le stage de ligue auquel j'avais pris part. À l'époque je préparai mon premier CD d'embrun. Il vient de se qualifier à Hawaii, lui aussi connait cette douleur...

Km 30, une nouvelle fois le faut plat menant à Baratier se profile, mais j'arrive toujours à courir alors je ne m'inquiète plus, je sais que je terminerai, il n'y a plus de doutes ! Sur le bord de la route, je croise beaucoup de triathlètes allongé, un pompier ou un bénévole à leur cotés ... le soleil a fait des ravages cet après midi !

Km 35 je m'arrête à un ravitaillement, il ne reste plus que quelques kilomètres, à 8km/h de moyenne les 13h59 sont jouables !
Je me remets à courir mais au bout de quelques foulés ma jambe droite se raidit, stopper net par la douleur... j'essaye de repartir mais impossible, je ferme les yeux, je pense à ma famille, à tous mes amis, à ceux qui ont partagés des entrainements avec moi, qui m'ont accompagnés pendant cette année... Je n'ai pas le droit de m'arrêter ! Un gars sur le bord de la route me parle
-allez faut repartir au courage, faut rien lâchez, c'est énorme ce que vous faites alors ce n’est pas maintenant qu'il faut laissez tomber

Km 37 je marche encore, titubant à chaque pas. Devant le camping du petit liou une gamine marche à coté de moi, me disant que nous sommes des héros ... quelles claques d'entendre ça !

Km 39 Retour sur la digue, je cours de nouveau, marie Aude et Denis sont là
- allez raph c'est super t'es finisher

C'est vrai, je commence à réaliser, cela va se terminer dans quelques minutes... Mais pour l'instant je tente de contenir la douleur... je sens que mes traits sont tirés, j'avance au courage.

Km 41 il reste le tour du parc, la ligne droite qui longe la piscine puis l'arrivée ... sur le bord de la route les enfants tendent les mains, espérant que l'on tape dedans. J’essaye de savourer, je regarde derrière, personne... je vais pouvoir profiter de cette ligne droite !

Km 42.2 l'arche d'arrivée, le public et le speaker qui cri ton nom ... ça y est j'ai fini, je l'ai fait ! On me tend une médaille, un tee shirt j'avance encore de quelques mètres puis je m’assois face à l'arche. 14h27' d'effort et tout s'arrête si vite... Je regarde l'arche puis le ciel, je me mets à pleurer comme un môme, toutes les émotions retenues depuis le matin s'échappent en quelques secondes ...

Je termine 622e et 5e de ma catégorie pour mon premier iron man ! Premier car oui il y en aura d'autres ! Je veux revivre ces émotions, cette douleur, cette recherche au plus profond de soi d'un moyen de se dépasser, de repousser les limites de son corps

Difficile de revenir sur cette journée, c'est un rêve qui s'achève, j'ai sacrifié énormément de chose cette année pour y arriver, mais ce "titre" d'homme de fer vient clore en beauté tout cela !
Ce n'est pas simple de transmettre toutes les émotions et les sensations que j'ai vécu tout au long de cette journée, j'aimerai pouvoir partager cela avec tous ceux qui m'ont suivi et accompagné durant cette aventure...

Il y a eu ma famille bien sur, eux ils sont à part car ils m'ont supporté H24 ;
Mais aussi tous les potes d'entrainements, Stéphane, pascal, Cyril, les al(l) an ;
Les jules et tous les autres nageurs avec qui j'ai enchainé les séries toutes l'année, quelques soit la fatigue et qui m'ont fait progresser ;
Ben qui a partagé certaines séances course à pied avec moi ;
Tous le club de judo, car après tout c'est grâce à eux que j'ai commencé à aimer avoir mal !
Alicia, qui m'a souvent écouté quand ça n'allait pas ;

J'en oubli surement malheureusement ...

Voilà, l'histoire se termine ! Où plutôt le chapitre ...

 


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