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30/09/2012

L'aventure c'est l'aventure

posté à 21h51 dans "Saison 2012"

Salut raph ça va ?
-Ouais et toi ?
-Nickel ! Dis-moi, ça te dit les 100 km de Millau dans un mois ?
-Eu ... Ouais pourquoi pas

Voilà ce qui m'a amené à être présent à Millau pour la 41eme édition de "La Mecque" les 100 bornes, une petite dose de folie, et une proposition quasi indéclinable de la part de Christophe un pote judoka.

29 septembre 2012 6h du matin, le réveil sonne, nous sommes 5 coureurs et 2 suiveurs à ouvrir les yeux. Derniers préparatifs avant une course qui s'annonce longue, très longue !
Quelques heures sont passées, Florence et Rémi nous ont quittés depuis une demi-heure maintenant. Plus de 1500 coureurs se dirige vers la ligne de départ : je suis en compagnie de christophe, ben, Chafik et David, une poignée de main et quelques promesses de se retrouver à l'arrivée plus tard, le coup de pistolet retentit...
Le but initial est d'effectuer le marathon en 5h-6h, sans courir dans les montées puis d'alterner marche et course sur la seconde partie du parcours.

Rapidement, Christophe, benjamin et moi sommes avec le meneur d'allure 14h, on essaye de ralentir pour éviter de la payer sur le reste de la course mais l'allure est dure à trouver.
Déjà au 7eme kilomètre florence nous rejoint, elle a bien voulu nous suivre avec son vtt, ce sera notre ange gardien durant les 19 prochaines heures ...

Km 10

Second ravitaillement : on s'arrête, un peu de coca, de l'eau quelques carré de chocolat puis on repart trottiner, l'ambiance est super, les gens sur le bord de la route sont nombreux, on sent que l'on prend part a une grande course !

Km 21

Passage au semi marathon : le premier pour ben !
On entame déjà le retour vers Millau, mais très vite le ciel se couvre...

Km 30

Nous sommes toujours trois, on se taquine, florence nous prend des photos, pour l'instant la ballade se passe bien !


Km 35

Après le 7eme ravitaillement, la pluie commence à s'abattre sur la route, Christophe est parti devant, il n'a pas son k-way sur lui... Florence nous aide à nous abriter.

Km 42

5h 40 que le départ a été donné et nous voici déjà dans la salle des fêtes de Millau. On prend le temps de se faire masser et manipuler par les kinés, déjà nombreux sont ceux qui ne repartirons pas. On change de chaussettes, de tee shirts pour repartir au sec mais dehors la pluie s'est intensifier.
On repart après 40 minutes de pause, mais les jambes sont dures, après quelques mètres Christophe marche, je discute un peu avec lui et finalement je repars devant avec ben en courant.

Km 45

Début de la cote menant sous le viaduc de Millau, la pluie continue, les pieds sont trempés, le corps est gelé ... on marche, en espérant aller jusqu'au prochain ravitaillement comme cela. Petit à petit le doute s'installe, j'essaye de mesurer chaque parole pour ne rien montrer de ma fatigue à mes compagnons de route.

Km 53

Au sec dans une salle communale, florence nous rejoint, resté en arrière avec Christophe elle nous annonce que son genoux le fait souffrir et qu'il pense à l'abandon ... Pour notre part, après un potage et une réparation express de la voute plantaire par des podologues, il est temps de repartir.
Aller de ravitaillement en ravitaillement, ne jamais arrêter d'avancer malgré la douleur qui nous interdit de faire autre chose que marcher. Il faut garder en tète que chaque pas nous rapproche de la ligne. Je propose à Ben de courir, sachant que devant David et Chafik ne sont pas loin mais il me dit que pour l'instant il n'en est pas capable.

Km 60

La nuit est tombé, devant nous se profile le col de Tiergues, florence nous encourage mais chaque pas n'est que souffrance, chaque pensé m'amène à la même conclusion : pourquoi s'infliger ça : le froid, la douleur ...
J'essaye d'imprimer un rythme, mais dans la montée ben veut s'arrêter, les ravitaillements deviennent trop espacés ! Christophe vient de nous dépasser, ça fait du bien de savoir qu'il est toujours en course !

Km 65

Sommet du col de Tiergues, il est bientôt 22h, le froid, la douleur et la nuit voilà tout ce qu'il reste... La descente est un vrai calvaire pour les muscles, mais on sait qu’à saint Afrique on pourra se faire masser et soigner les pieds.

Km 70

Saint afrique, une salle remplie de coureur, enfin un peu de lumière et de chaleur... on donne quelques nouvelles à ceux qui nous suivent en direct, cela fait du bien au moral de savoir que des gens croient en nous !
Pour ma part, mes pieds commencent à éclater, j'ai trois ampoules crevées, mais je refuse qu'on me les referme.

12h47 de course, il reste 30 km à parcourir, avec le col de tiergues à franchir une nouvelle foi.

Km 77

En haut du col, je commence à flancher, j'ai besoin de dormir, mes pieds brulent j'ai envie de m'arrêter, de prendre une douche chaude.
Mais flo se met à marcher à coté de moi, elle me prend par le bras et me fait avancer. Je pose ma tète contre son épaule et tout en avançant, je ferme les yeux pour trouver un peu de repos. C'est elle qui me fait avancer sur cette partie, seul j'aurai dormi au bord de la route...

Km 80

Plus qu'un semi marathon et ce sera la délivrance... mais à l'allure que nous tenons, le semi peut prendre prés de 4h. Au ravitaillement, Ben se fait voir par un kiné : son genou ne peut plus se plier. Verdict : contracture musculaire, douloureux mais pas dangereux ... On continue de marcher, ben commence à douter, je vais un peu mieux alors j'essaye de le rassurer, lui disant qu'il nous reste 7h pour remplir notre objectif !
Peut à peut, on alterne marche et pause, il n'arrive plus à avancer, la douleur est trop présente. Après 15h de course les nerfs commencent à lâcher.
Je le pousse puis le porte, j'alterne ces deux phases pour toujours avancer, toujours se rapprocher de l'arrivée. A moins de 17 km c'est trop bête! J'espère que ce n'est qu'un passage à vide, je sais que l'on peut y arriver !
Après un kilomètre, malgré mes efforts il s'assoit. Il me dit de continuer seul, pour ne pas être hors délai, je refuse, je ne sais pas quoi faire, je sais que je suis capable de courir les 15 derniers kilomètres, je sais aussi que à cette allure nous terminerons hors délai mais je ne peux pas le laisser là .... Flo essaye de le raisonner, elle lui propose de monter sur le vélo, il refuse. Le temps s'écoule et cela fait prés d'un quart d'heure que nous n'avançons plus. Je lui demande de me promettre qu'il va continuer, marcher jusqu'a ce que la voiture balai arrive. Je prends une gourde et une barre, flo reste avec lui. Je me mets à courir, seul, je sais qu'il va abandonner, mais je chasse cette idée de ma tète, je croise les doigts pour lui ! Je suis étonné, mes jambes répondent bien, j'avale la partie plate à 11km/h, je prends même du plaisir à courir dans la nuit.

Km 89

Juste avant la dernière cote, je m'arrête à un poste de secours demander des nouvelles de ben et de flo, les secours me disent qu'une voiture est aller les chercher... c'est donc finis, il ne reste plus que moi en course, ça fait mal de savoir ça, mais je ne m'attarde pas.
Dans la cote j'alterne marche et course, je suis bien. Flo me rejoins sous le viaduc, sa présence me fait du bien, on ne parle pas de ce qui vient de se passer. Je sais que si elle est là c'est que ben n'est plus dans la course.

Km 92

Une descente, du plat et l'arrivée voilà ce que je pense... à ce moment ci de l'épreuve, je sais que je vais terminer, dans les derniers, seul mais je vais terminer !

Km 95

L'entrée du village, j'ai des crampes, j'essaye de courir encore, flo est là pour m'aider, elle m'encourage, ses mots m'aident à dépasser la douleur encore un peut plus à chaque mouvement...

Km 100

L'entrée du parc est devant nous : ça y est je l'ai fait ! Flo rentre avec moi, je passe la ligne, seul ... en 20h04
Premier et unique finisher de la catégorie espoir parmi les 10 engagés.
Flo me félicite et me fait la bise, je la remercie pour ce qu'elle a fait, sans elles je ne serai pas la !
Mes jambes brulent, je titube sans trop savoir ou aller ... puis je m'effondre sur une chaise. Chris et les autres sont la, il me demande pour ben je me contente de secouer la tète en signe de négation.
Il nous rejoint, nous sommes tous livides, les traits tirés, les visages marqués par des heures de souffrances.

L'euphorie de la ligne d'arrivée est passée, seule la douleur reste.
La douleur mais aussi la fierté, la fierté d'être parmi les 1141 qui n'ont pas abandonnés sur le bitume millavois !

"La douleur est éphémère mais la fierté est éternelle "

 


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