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26/08/2014

If

posté à 15h53 dans "Saison 2014"

16 Aout 2013, la veille je venais de terminer mon premier iron man à embrun. Tout au long de la préparation je m’été dit que ce serai mon unique expérience sur la distance avant de nombreuses années… Mais le lendemain d’une course comme celle là, on se retrouve avec des images pleins les yeux et des souvenirs pleins la tête. On ressent comme un vide immense. Et puis un jour on prend la décision de rempiler. Initialement je devais aller à vichy pour me tester sur un parcours plat mais le mythe d’embrun, la beauté des parcours et bien d’autres événements inattendus m’auront finalement fait changer d’avis.
C’est ainsi que je me retrouve le 14 Aout après 8 mois de préparation au coté de Julien, mon partenaire d’entrainement sur le bord du plan d’eau d’embrun. Après une année chargée (prés de 230km de natation, 6500km de vélo et 950km à pied), nous venons de déposer les vélos dans le parc, tout est en ordre : les jambes sont bien reposées, les sensations sont bonnes et le moral est là. Tout est réunis pour faire une belle journée de course demain en espérant voir la ligne d’arrivée ! Le soir couché à 21h, j’ai du mal à trouver le sommeil même si au cours de la semaine passée j’avais anticipé le décalage des heures de coucher et de réveil.
Le réveil sonne à 3h, après une douche pour réveiller mon corps tout engourdi par le sommeil je me dirige vers le petit déjeuner. J’avale quelques morceaux de gatosport, quelques tranches de jambon blanc et un café ; je discute brièvement avec les autres triathlètes présents puis je remonte dans ma chambre boucler mes affaires. Je vérifie une dernière fois que tout est dans la caisse et c’est parti direction le plan d’eau. Il est 4h15 Julien me rejoint nous échangeons nos impressions sur la nuit qui vient de s’écouler ; Lui aussi a eu du mal à trouver le sommeil et à manger ce matin… Qu’importe, maintenant nous sommes à moins de deux heures du départ il n’y a plus de questions à se poser.
Je débâche mon vélo, gonfle mes boyaux et prépare mes affaires de course. La météo annonce 6° à la sortie de l’eau et aux alentours de 4° à l’izoard à midi, autant dire qu’il ne faudra rien oublier sur le vélo et dans le ravito perso au sommet du col ! Tout est à sa place, j’enfile ma combinaison, nous prenons quelques photos puis c’est le moment d’aller s’échauffer. Après quelques mouvements nous ressortons de l’eau, on se souhaite bonne chance puis nous rentrons dans le sas de départ, J’essaye de me faufiler vers les premières places. Les officiels nous arrêtent, les filles sont déjà sur la ligne. Nous restons ainsi, serrez les un contre les autres en attendant le moment fatidique. Je commence à penser à ce qui nous attend quand un « Raph » me tire de mes pensées, je lève la tête et je vois Véro sur les épaules d’Hervé ! Ils sont montés pour voir le départ, première « claque » de la journée !
La barrière s’ouvre finalement, on court jusqu’au arbitres qui délimitent la ligne de départ. J’ai réussi à bien me placer, première ligne au centre face à la bouée … Les flash commencent à crépiter, les photographes défilent devant nous. L’arbitre principal annonce 5’ avant le départ. Je mets mes lunettes sur mon front et là, un léger bruit de plastique survient. Sans que je le sache le caoutchouc qui permet l’étanchéité du verre vient de s’arracher …
« 1’ ! » Les arbitres se retirent, les flash des appareils photos s’intensifient, la musique, les spectateurs tout ce bruit s’éloigne peu à peu, comme si les choses été ralenties.


Le départ est donnée, je sprinte droit devant moi, mes pieds touchent l’eau, je plonge… ça y est c’est maintenant ! Mais immédiatement mes lunettes se remplissent d’eau… Mais pour l’instant, impossible de les remettre sinon 1500 furieux vont me monter dessus. Je continue donc sur ma lancée. Le départ a été rapide mais je continue sur le même rythme pour sortir de la masse et espérer être tranquille le reste du temps. Après plusieurs minutes de nage dans l’obscurité, le paquet s’est étiré, j’en profite pour me mettre en dos tout en retirant l’eau de mes lunettes. Mais dés que je remets la tête dans l’eau, celle-ci s’engouffre de nouveau dans les verres. Je vais devoir faire prés de 4km avec les yeux pleins d’eau, ça promet ! Dans ces conditions impossible de se diriger, je commence à prendre des coups dans tous les sens et malgré le lever de soleil sur le retour je suis toujours en mode nocturne. Je m’arrête plusieurs fois en espérant résoudre le problème mais cela ne change rien. J’entame le second tour du plan d’eau en rageant tout seul sous mon bonnet. « Comment cela peut il arriver ici et aujourd’hui ? Je teste mon matériel avant chaque épreuve, j’ai toujours une paire de rechange dans l’aire de transition et pourtant, je me retrouve dans cette situation ! »
Le second tour se passe un peu mieux, il y’a moins de nageurs et je me bats un peu moins. Après de longues minutes, la berge est en vue. Je remets en route les jambes pour préparer la transition. Je sors de l’eau en 57’, à une anecdotique 56e place. Je suis complètement « azimuté », j’enlève mes lunettes, les joints tombent… Je comprends enfin d’où venais le problème. Je reste plusieurs minutes dans l’aire de transition en essayant de retrouver mes esprits tout en me préparant pour la suite de la journée. A ce moment je me dis que jamais une natation ne m’avait autant entamé ! Mais tout ceci est derrière moi, maintenant place au gros morceau : 188 km et selon les dires de l’organisateur 5000m de dénivelé réparti sur 4 ascensions dont le col de l’izoard.
Dés la sortie du lac, la route s’élève, c’est parti pour la montée des puys ! La première Rampe est remplie de monde, malgré cette ambiance de dingue, il ne faut surtout pas s’enflammer et reproduire l’erreur de l’an passé ! Je profite de la vue sur le lac et le parc à vélo, nombreux sont encore les triathlètes dans l’eau ! Julian (un triathlète des sardines) me dépasse, on se dit bonjour puis la course reprend son cour… Après 25km la première difficulté du jour est derrière moi, le froid m’a obligé à sortir les manchettes et les gants d’hiver dès les premiers kilomètres. Les rares parties roulantes de cette section ont été un vrai supplice tellement la température est basse. Je passe au sommet en un peu plus de 55’. Après une descente assez technique, le parcours rejoint le bord du lac, mais plutôt que de mettre du braquet je décide de rester sur un rythme facile jusqu’à Embrun et de continuer à m’alimenter régulièrement. Après 1h35 me voici au km 45, retour sur embrun : la route se remplit au fil des mètres de spectateurs, le passage du rond point et la remonter vers Baratier est tout simplement énorme, les gens s’écartent devant les motos, il y’a des cloches de vaches, des gens déguisés c’est tout simplement un moment magique !
Les prochains kilomètres constituent la liaison jusqu’à Guillestre, je décide de commencer à rouler sur cette partie. Peu à peu je remonte des groupes de cyclistes, les sensations sont là et je me dis que la gestion des premiers kilomètres à surement porter ses fruits ! J’entame les gorges du Guil en étant assez frais, une excellente nouvelle comparativement à l’an passé ! L’Izoard devrait bien se passer ! Le début des gorges se passent bien, je reste en position aéro et la vitesse reste stable même si les jambes commencent à durcir… Mais les bonnes sensations vont vite s’envoler, je ne m’affole pas et je joue du dérailleur pour essayer de passer ce moment de moins bien en espérant que les cannes reviendront avant les gros pourcentages… Mais malheureusement au moment de rentrer dans le vif du sujet à 14 km du sommet, mon état ne s’est pas amélioré. Les premières pentes de l’Izoard me font comprendre que je suis déjà à la limite, je sais que si je reste comme ça le col va être un vrai calvaire… Je mets tout à gauche, je baisse les yeux en essayant de fragmenter la route pour que psychologiquement la difficulté passe plus vite… Je rentre dans le village d’Avrieux dernier ravitaillement avant le sommet, l’occasion de faire le plein. Je demande une gourde de coca aux bénévoles présents, on m’en tend une tandis que je jette ma gourde d’overstims. Mais quelques mètres plus loin je me rends compte que c’est de l’eau. Je rage contre les bénévoles mais c’est trop tard… il va falloir combler avec des gels ! Petit à petit les kilomètres défilent. Tandis que je viens de rentrer dans brunissard, là où la pente est la plus forte, Julien un autre triathlète des sardines me dépasse, j’en profite pour m’accrocher à son rythme jusqu’au premier lacet... Un peu plus haut, mes grands parents m’attendent, cette perspective me permet de relancer l’allure à chaque épingle. Je passe devant le message écrit au sol par Kelly et julien quelques jour plutôt, je ne peux m’empêcher de sourire en repensant à toutes les recos effectués en sa compagnie dans ce col… Sans m’en rendre compte la casse apparait, on aperçoit 2km plus haut le sommet et parmi le paysage lunaire les dizaines de triathlètes qui grimpent jusqu’au col. Malgré la courte descente qui permet de relâcher les jambes, dès que la route s’élève de nouveau, je suis toujours en souffrance ; Je commence à m’inquiéter pour le reste de la journée car malgré le sous régime adopté lors des deux premières heures de vélo, la montée du col a été un chemin de croix… La voiture de Julie et Kelly me dépasse à nouveau. Je baisse la tête, si elles sont déjà là c’est que Julien est sur mes talons… Pas le temps de réfléchir à ça, tout à coup l’hélico de la course se met à volé à quelques mètres de la route, ambiance tour de France pour les derniers lacets ! Je débouche au sommet, il est 11h26. Et finalement pas de quoi s’inquiéter j’ai seulement 4’ de retard, je suis dans les clous pour 7h30. Vu le froid pas de quoi s’alarmer les choses devrait s’améliorer après Briançon. Mais malgré ce chrono plutôt rassurant, le col m’a vraiment impacté… Un bénévole me tend mon sac, tout en rechargeant mes poches de gels et barres énergétiques je prends le temps de manger quelques tuc pour casser la saturation du sucré. Je glisse un journal sous mon maillot vélo pour me protéger du froid et c’est parti, la course démarre maintenant !

Je profite de la première partie de la descente pour rattraper plusieurs concurrents : à force de la faire en reco avec Julien sous la pluie, quand la route n’est pas humide les lacets deviennent un super terrain de jeu… Mais je vais vite déchanter, en entrant dans Briançon je réalise que le vent qui remonte la vallée de la Durance s’est déjà levé… J’ai l’impression d’être face au mistral, la fin de parcours va être plus compliquée que prévu ! A partir de là je sais que le chrono ne compte plus, il faut surtout ne pas laisser trop de jus dans la bataille car il reste encore 60 km avec Pallon et Chalvet… La liaison entre Prèles et Argentières est une succession de faut plat montant et de descente, je reste le plus possible en position aéro tout en m’alimentant régulièrement mais la fatigue commence à se faire sentir et le vent qui souffle en continue n’arrange pas les choses. Pour me consoler je me dis que si je gère bien le vélo je rattraperai le temps perdu sur le marathon …
Voici déjà Pallon (ou Champcella c’est comme vous voulez) une rampe d’un peu plus de 2km à 14% Même si c’est une des parties les plus dures du parcours, quand on rentre dedans, c’est toujours un moment à part : l’ambiance est telle qu’on en oubli presque la douleur aux jambes ! Après quelques centaines de mètres le père d’Antoine commence à courir à coté de moi tout en m’encourageant, ça me redonnent un petit peu de force. Plus haut, c’est au tour d’Hervé de partager un petit bout d’ascension avec moi ;
« Ça va raph ? Bah écoute la maintenant dans pallon je vais avoir du mal à te dire que oui ! »
On rigole puis je lui raconte mes déboires avec mes lunettes le matin ; il me demande comment je me situe au niveau du chrono… Je continue à grimper quand au loin j’aperçois Denis puis Marie Aude, elle se porte à ma hauteur et finit les derniers mètres de l’ascension en ma compagnie. Arrivée au sommet je n’ai plus de jambes mais le moral est revenu ! Plus que 40 km et c’est bon !
La dernière liaison jusqu’au bat de Chalvet se passe bien, je continue à m’alimenter bien sagement en attendant mon heure (et surtout en espérant qu’elle arrive !) J’entame cette ultime difficulté avec une petite appréhension, je sais que c’est un baromètre pour le marathon et que si cela se passe mal, la suite va être très compliquée ! Ce n’est pas pour rien que Chalvet est surnommé la bête … Je remonte plusieurs concurrents, ma cadence est bonne et j’arrive à produire mon effort. Je me dis que ça va le faire, il faudra être costaud dans la tronche mais cette année je vais arriver à rentrer un marathon correct ! Dans la dernière rampe je croise Mag, après cet ultime encouragement me voici au sommet, j’ingurgite un dernier gel puis c’est parti pour la descente jusqu’au parc. Je pose le vélo après 7h49 à la de pédalage, bien loin de l’objectif initial mais vu le vent sur le retour (au final prés de 50km/h de face pendant 80km) le simple fait de poser le vélo est une bonne nouvelle.

Je retourne à ma place suivi de deux kinés qui vont me masser pendant que je me prépare pour partir sur le parcours pédestre. J’enfile mes bats de contention, je mets un peu de nok sous mes pieds puis après plusieurs minutes, je me lève enfin. Je prends alors conscience que malgré ma tentative de gestion, le vélo m’a largement impacté… Cela fait déjà 9h que la course a débuté et je me lance sur un marathon sans vraiment savoir comment mon corps va réagir.
Les premières foulées sont rudes, il faut que les muscles s’habituent à ce nouveau mode de locomotion. Petit à petit je trouve mon rythme, aux alentours de 5’30 au kilo. Je passe sur la digue avec quelques dizaines de secondes d’avance mais les sensations se dégradent à chaque pas, mes mollets se durcissent de plus en plus. Julie court quelques mètres avec moi, elle m’annonce que julien vient de poser le vélo. J’arrive au bas de la cote chamois, je n’ai qu’une envie s’est marché, mais je repense à julien et à nos reco, je n’ai pas fait tous ça pour marcher alors je baisse les yeux et j’entame la cote en courant, mes mollets brulent mais je me dis que quitte à abandonner autant se fusiller les cannes ! Arrivé au sommet de la cote je poursuis mon effort dans le faux plat qui traverse la vieille ville. A chaque pas, un énorme bruit se rapproche, je débouche finalement sur une place noire de monde, tambour et batterie sont de sortie tandis qu’un vélo est suspendu entre les maisons de village ! Une nouvelle fois l’ambiance est sur réaliste, les spectateurs font une ola sur notre passage, certains crient nos noms en cherchant nos numéros de dossard sur une feuille ! Je sors de là regonfler à bloc, je commence à me dire que je peux courir au moins sur le premier semi en m’arrêtant uniquement aux ravitos. Je continue ainsi jusqu’au dixième kilomètre, portez par l’envie de ne pas lâcher ma course…

Mais au fils des pas, les crampes apparaissent, je m’arrête à un ravito, plus rien ne passe or mis le coca et l’eau… Pourtant j’ai tout fait pour éviter cela durant le vélo. Le mode survie est activé, je suis entrain de manger le mur alors qu’il reste 32 km à parcourir. C’est à ce moment que Julien me rejoint, on discute un peu, il me dit qu’il reste avec moi, je lui réponds que ça ne sert à rien que je vais bientôt abandonner vu mon état. Je n’ai qu’une envie c’est de m’arrêter, sous mes lunettes les larmes commencent à couler… Finalement Julien me remotive et je me remets à trotiner avec lui jusqu'à pont neuf. Petit à petit le rythme revient, nous alternons marche et course jusqu’à Baratier, même si la douleur dans les jambes s’intensifie, les kilomètres défilent peu à peu. Certains spectateurs s’amusent de nous voir cote à cote :
«Allez les jumeaux !»
Celle là on ne nous l’avait jamais faite !

Retour sur la digue Kelly court quelques mètres avec nous, le sourire est revenu sur nos visages, maintenant le chrono ne nous intéresse plus vraiment, on est heureux d’être là et tous ce qui compte c’est d’arriver sur la ligne. Le long c’est aussi ça, des moments d’euphorie et de tristesse qui s’enchainent sans réelle explication au gré de nos pensées…
Le passage au semi nous permet de prendre un peu d’eau gazeuse dans notre ravito perso pour remettre notre estomac en place … Après quelques minutes nous repartons sur la seconde boucle. Durant le tour du lac et la digue je commence à m’interroger sur la suite et surtout sur la cote du village… Cette fois pas question de la courir ! Nous quittons la digue et ses spectateurs, les kilomètres défilent, nous débouchons au sommet de la cote, je tente de recourir mais mes mollets m’arrêtent net. Mes jambes ne peuvent plus, nous rentrons dans la vieille ville en marchant ; Il y a toujours autant d’ambiance et de monde qui crie sur notre passage. Je me sens un peu honteux face à tous cela, moi qui espérer améliorer mon chrono je me retrouve dans un état pire que l’an dernier et des gens continuent de m’encourager ? J’ai l’impression que ce n’est pas réellement mérité. Marie Aude et Denis qui été dans la vieille ville nous emboite le pas, l’occasion de discuté un petit peu et de tenter d’oublier la douleur quelques instants.
Nous voici désormais à pont neuf, alternant marche et course nous continuons à avancer petit à petit. Je discute avec un triathlète de Dijon qui suit la course en vélo, quand je lui dis que j’en suis à mon deuxième embrun à 21 ans il me répond :
« C’est beau, un jour j’espère tenter l’aventure mais pour l’instant ça me fait trop peur. »
Au fil des kilomètres, pour moi il n’est plus question d’abandon mais je rentre dans une sorte de questionnement ; Pourquoi avoir fait tous ça pour ne pas concrétiser aujourd’hui ? Comment est ce possible d’y arriver en reco et pas en course ? Je balaye ces questions sans réponses, en essayant de me concentrer sur le moment présent et sur la ligne d’arrivée qui m’attend ! Il ne faut pas oublier où nous sommes, Embrun est un tri à part : on ne sait jamais comment la course se finira … D’ailleurs certains spectateurs nous le rappelle, c’est assez bizarre de s’entendre dire que l’on es des héros quand on se sent mal au point de tout remettre en question, c’est un peu comme une douche froide. Quand on me dit cela d’un coup je relativise et je me dis que même si je suis loin de ce pourquoi je me suis entrainer, j’ai la chance d’être là et de pouvoir vivre ces moments d’exceptions !

Nous dépassons Baratier et entamons la dernière descente vers le lac, la nuit commence doucement à tomber, je commence à avoir très froid et à trembler… Nous décidons de courir le dernier tour du lac pour abréger les souffrances (selon l’expression consacrée). Je finis par me dire que je ne devrai pas passer la ligne, je soumets l’idée à julien qui me répond que je vais fermer ma gueule et arrêter de cogiter pour rien… Il n’a pas tord … Je zappe le dernier ravitaillement, et nous rentrons finalement dans le parc à vélo, il reste moins d’un kilomètre… Personne derrière, on va pouvoir profiter !
Peu à peu les abords du parcours se remplissent de monde, on débouche finalement dans la dernière ligne droite, tous les spectateurs y sont massés. On ne voit même pas où aller, les gens s’écartent sur notre passage, nous laissant petit à petit découvrir l’arche d’arrivée… Il est 21h20 nous franchissons ensemble la finish line ! Je marche jusqu’à une bénévole qui me tend mon tee shirt de finisher et ma médaille, j’avance encore jusqu’à une barrière sur laquelle je m’appuie. J’essaye de relâcher la pression, quelques larmes coulent le long des mes joues, synthèse d’une journée de galères et de souffrances …
Je rejoint mes grands parents, c’est pour eux, ou plus précisément pour ma grand mère que j’avais décider de faire embrun, la boucle est boucler. Chacun de nous a remplis son engagement !
Je retourne voir julien, on se tape dans la main et je le remercie d’être resté avec moi :
« C’est grâce à toi que je suis arrivé au bout aujourd’hui ! »
« Non, c’est grâce à toi que je suis là aujourd’hui fiston »
Ces images resteront pour moi les plus belle de cette journée, car même si rien ne s’est déroulé comme prévue et si dès le départ tout ceux pour quoi je me suis battu pendant 8 mois s’est progressivement éloigné, l’histoire aura fini comme elle l’a commencé : entre potes.
Les conditions météos auront été bien pires qu’en 2013, en discutant avec de nombreux triathlètes le lendemain je me suis rendu compte qu’un tel vent relève de l’exception, d’ailleurs même le chrono du vainqueur s’en est ressenti : plus de 20’ supplémentaire par rapport à 2013… C’est ainsi que s’achève ce deuxième Embrunman, une course d’un jour préparé durant des mois et durant laquelle un détail peut venir tout balayer en un instant ! Mais surement la plus belle course qu’il soit donné de vivre tant la difficulté permet d’apprendre sur soi !

Un énorme merci à tous ceux qui m'ont encouragé sur le bord de la route ou en me suivant sur l'ordi ! Merci à tous ceux qui ont partagé les séances d'entrainements avec moi durant cette longue année ! Cette page se referme, une nouvelle s’ouvrira bientôt…
"Si tu peut voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un seul geste et sans un soupir
Si tu sais méditer observer et connaitre
Rêver mais sans laisser ton rêve être ton maitre
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front
Alors les rois les dieux la chance et la victoire seront à tous jamais tes esclaves soumis
Et ce qui vaut bien mieux que les rois et la gloire
Tu seras un homme…"
Kippling







 


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